Les Enfants en institution...un article de Sylvain Gouirand Psychologue et psychanalyste / Ecole Psychanalytique de Normandie.
Mar 15 Sep 2009 - 8:05
Les Enfants en institution
Par Sylvain GOUIRAND
Accueil thérapeutique des enfants et des parents en institution.
Les enfants placés en institution (IME - Placement familial - Hôpitaux de jour etc ...) que ce soit en journée ou à la plus forte raison en internat, ont, de fait, inscrit en eux et avec eux, le stigmate d'un échec, c'est-à-dire une blessure, une souffrance, une coupure, l'éloignement de l'environnement familial, du familier, " heimlich "-- cf. ° Freud:
« L'inquiétante étrangeté - unheimlich ».
Cette souffrance, coupure donc mais aussi le " handicap ", la " maladie " qui la cause, si elle ne peut se " réparer ", se " guérir " au sens où une angine se guérit avec des antibiotiques, cette souffrance peut se symboliser, se parler et du coup le discours qui sera tenu alors, va prendre l'enfant, non plus comme objet ( l'handicapé réduit à son handicap qu'il faut réparer par des techniques de réparations toutes plus ou moins conditionnantes), mais comme sujet d'une parole qui va circuler dans la famille, dans l'institution etc ... et qui va permettre, selon les cas bien sûr, de lui donner ( ou redonner ) la parole, de la lui reconnaître . 1
Au début de la vie, la mère (la mère c'est aussi tout le contexte maternant) et l'enfant sont dans une relation fusionnelle (attachement dirait Winnicott) nécessaire pour la survie. Cet attachement fusionnel va, dans le processus normal, progressivement aller vers une séparation qui va permettre à chacun de sortir de cette dyade symbiotique (ce que certains nomment processus d'individualisation) faute de quoi, des troubles graves apparaissent (psychoses par exemple).
Cette séparation, cette coupure (en deux, en eux) se fera grâce à ce que Lacan appelle
" la métaphore paternelle ". Sortir donc de cette dynamique fusionnelle pour pouvoir être en relation avec son manque d'objet (et non son objet) puisque grâce aux noms - non - du père, la mère sera inter - dite, mise à distance par la parole. Il pourra alors adresser des demandes, il l'appellera, elle pourra le nommer, il se reconnaîtra dans le regard qu'elle portera sur lui comme, non plus son prolongement à elle, mais comme Pédro ou Robert ... Je vous raconte là ce que Lacan appelle le stade du miroir.
Dès la période Œdipienne, nous avons tous rêvé d'avoir un enfant de la mère (fille ou garçon) -- cf. ° Freud : Nouvelles conférences sur la psychanalyse; ( article sur la féminité en particulier ) C'est dans la dialectique d'amour et de haine envers nos propres parents et dans l'attachement au parent de sexe opposé que naît le désir d'enfant . Ce désir, qui naît très tôt, va subir des remaniements importants tout au long de la vie du sujet, en particulier durant ces périodes que sont l'enfance et l'adolescence. C'est cela l'enfant imaginaire, cet enfant qui vit dans la tête de chacun, c'est l'enfant du fantasme -- que nous ayons des enfants ou pas Et cet imaginaire là sera toujours présent en nous pour vivre plus ou moins bien avec nos enfants réels.
Et c'est le rapport entre cet " enfant imaginaire" avec l'enfant réel " qui fonctionne dans le fait d'être parent. Le fonctionnement 2 de la fonction 2 parentale renvoie toujours à ce rapport. Alors vous comprenez les difficultés spécifiques qu'auront les parents dont nous parlons, difficultés qu'ils doivent pouvoir nous dire et que nous devons écouter.
Mais remarquons dès à présent qu'il y aura toujours, pour chacun toujours un travail de deuil à faire: l'enfant merveilleux du fantasme.
•1 Voir en fin de texte
•2 Idem "
•2
Pour pouvoir aider et accompagner les parents dans un placement, il faut donc les aider dans la vérité de leur " fonctionnement " de parents, dans leur histoire commune. Souvent le fonctionnement est perturbé -- ne serait-ce que par la pathologie de l'enfant -- et alors la fonction parentale défaille.( je pense, par exemple, à l'insupportable pour une famille, des crises clastiques d'un de ses enfants gravement épileptique, famille vivant en appartement HLM et qui en vint à des coups donnés à cet enfant, à la limite du sévice).
La naissance d'un enfant handicapé est toujours traumatisante pour ceux qui accueillent cet enfant: souvent se produit alors un déni dans l'équipe d'obstétrique et chez les parents, avant que chacun puisse investir l'enfant.
De nos jours, la toute puissance de la Science dans le discours ambiant produit cette réaction qui consiste à dire et à penser qu'une telle naissance est une erreur, une faute médicale, son échec. Du coup tout le monde: famille, équipe hospitalière etc ... est plongé dans une grande culpabilité à laquelle l'enfant réagit;
Le déni fonctionnant, tout sera mis en jeu pour masquer, c'est-à-dire refouler, la différence, si minime soit- elle et la surprotection en sera la conséquence: surprotection technologico - médicale du côté soignant, surprotection maternante côté famille, surprotection qui très souvent cache un rejet difficile à reconnaître, difficile à exprimer, puisque les " vœux de mort" à l'œuvre sont généralement inconscients
La blessure narcissique est là massive, elle empêche que soit fait le deuil de l'enfant imaginaire ( l'enfant réel n'étant pas assez gratifiant puisque porteur de trop de différences) pour les parents qui ne voient alors plus que ses difficultés, sans voir qu'il peut avoir ( ou qu'il a déjà) aussi quelques compétences .
Aider les parents, c'est peut-être d'abord de les reconnaître en tant que parents de leur enfant. Trop régulièrement, nous constatons qu'à la blessure d'avoir un enfant handicapé, s'ajoute la blessure de l'impossibilité de l'élever, c'est-à-dire qu'est mis là en échec leur fonction parentale.
Il est donc essentiel pour le travail thérapeutique qu'ils aient, dans l'institution qui accueille leur enfant, un lieu pour être entendus en tant qu'homme et que femme "souffrant" dans leur être-père, être-mère. C'est souvent aussi pour la première fois qu'on s'adresse à eux en tant que sujets, reconnus alors dans leur savoir sur leur enfant. Et c'est souvent aussi pour eux la première fois qu'ils peuvent parler d'eux-mêmes.
Un autre point qui me paraît devoir être soulevé est celui de la collaboration demandée aux parents . Cela me paraît important dans la revalorisation de leur rôle parental . Parfois eux seuls comprennent le " langage " de leur enfant, en tout cas, eux seuls possèdent certains renseignements concernant son histoire. Le fait d'accorder de l'importance aux dires qu'ils tiennent, tant sur leur enfant que sur eux, sur la famille, son contexte etc ... fait partie du renforcement narcissique qu'il faut leur apporter si nous voulons les aider, si nous voulons que la fonction parentale fonctionne.
Il faut alors sans cesse, nous méfier de notre désir de transformer la dynamique familiale dans un sens qui correspond à nos idéaux : fabriquer des parents tels nos parents idéaux, parents imaginaires ( tout comme nous avons vu précédemment l'enfant imaginaire, il y a également en nous des parents idéaux clf° à ce propos Freud: le roman familial) Aider les parents d'enfants placés, c'est accepter de reconnaître leur souffrance, leur ambivalence, leur rejet ... c'est également leur permettre de les dire sans qu'ils soient pour autant jugés, catalogués.
Cette souffrance parentale peut se présenter sous différents modes par exemple celui de la mise en accusation de l'équipe et/ou de l'institution :
" Depuis qu'il est placé, il fait des grimaces, il a des tics ou dit des gros mots ... "
Ce peut être parfois sur un mode dépréciatif que l'enfant sera parlé; malgré la séparation, il reste persécuteur, preuve vivante de leur échec; ce peut être aussi le mode de la dépression d'un ou des deux parents, (souvent la dépression est masquée par des somatisations) car l'enfant, par la libido qu'il mobilise, (les désirs dont il est investi ) peut être pour la famille un "antidépresseur" et la prise en charge en institution a rompu cet équilibre.
Les réflexions de l'équipe autour de la séparation tenteront de trouver des modalités d'aide, d'inventer et de personnaliser les réponses à apporter aux familles. L'investissement de l'enfant, l'investissement des parents, l'investissement de l'équipe (éducative et soignante) doit être analysé au cours de réunions régulières prévues à cet effet: synthèses et réunions institutionnelles.
La réflexion de l'équipe dans le projet du placement doit inclure les parents qui seront rencontrés régulièrement et un contrat (contrat thérapeutique) avec eux et leur enfant doit être inclus dans la prise en charge thérapeutique de l'enfant. Ceci est indispensable, sinon rien ne pourra être constructif, rien ne pourra évoluer pour l'enfant et rien ne bougera du côté familial, les parents étant alors esseulés avec leurs angoisses et leur culpabilité ; l'équipe devenant, du fait du placement, la " bonne mère ", celle qui sait (en place de S1 cf. °. note n°1) la famille sera alors infantilisée dans et par les conseils que les intervenants donneront.
A ce propos de l'équipe qui devient " la bonne mère", (nous sommes ici dans le champ Imaginaire) signalons aussi les échanges entre les diverses équipes qui s'occupent de l'enfant, ou celles qui s'en sont occupées auparavant, échanges nécessaires tournent à :
" Quelle est la meilleure équipe "? Ce qui revient à répéter sur le plan de la dynamique institutionnelle cette question " qui est le meilleur parent ? " Les réunions de réflexions sur l'investissement (sur le désir) doivent aborder et tenter de résoudre ce type de problème et les conflits qu'une telle dynamique non analysée provoque et dont l'enfant fait toujours les frais.
Permettez-moi de vous dire encore ceci les parents sont rencontrés dans l'institution en tant que parents et non comme malades même si eux-mêmes ont une pathologie importante . Ce n'est qu'en tant que parents qu'ils intéressent l'équipe médico-éducative, leur pathologie doit être prise en charge dans un autre lieu.
En conclusion, pour aujourd'hui, je dirai qu'une institution sera thérapeutique si elle est conçue comme un lieu de parole et d'échange, pour les enfants comme pour leur famille. Un lieu également suffisamment contenant et sécurisant pour chacun, ( ce chacun comprend les membres qui composent la famille au sens le plus large, mais aussi les membres de l'équipe qui prend en charge l'enfant ) pour que puisse se « déposer » les fantasmes, les vœux de mort et les désirs des uns et des autres concernant l'enfant pris en charge .
Cela suppose que les membres de l'équipe aient reçu une formation psychologique pour pouvoir entendre et recevoir les affects que soulève en nous ce que l'on pourra entendre en ouvrant le couvercle la boîte à Pandore qu'est toute la famille.
suite de l'article ici
http://www.ecole-psychanalytique-de-normandie.asso.fr/index.php?page=5&PHPSESSID=1a27bfae9ad8691628035d044a72dc81
Par Sylvain GOUIRAND
Accueil thérapeutique des enfants et des parents en institution.
Les enfants placés en institution (IME - Placement familial - Hôpitaux de jour etc ...) que ce soit en journée ou à la plus forte raison en internat, ont, de fait, inscrit en eux et avec eux, le stigmate d'un échec, c'est-à-dire une blessure, une souffrance, une coupure, l'éloignement de l'environnement familial, du familier, " heimlich "-- cf. ° Freud:
« L'inquiétante étrangeté - unheimlich ».
Cette souffrance, coupure donc mais aussi le " handicap ", la " maladie " qui la cause, si elle ne peut se " réparer ", se " guérir " au sens où une angine se guérit avec des antibiotiques, cette souffrance peut se symboliser, se parler et du coup le discours qui sera tenu alors, va prendre l'enfant, non plus comme objet ( l'handicapé réduit à son handicap qu'il faut réparer par des techniques de réparations toutes plus ou moins conditionnantes), mais comme sujet d'une parole qui va circuler dans la famille, dans l'institution etc ... et qui va permettre, selon les cas bien sûr, de lui donner ( ou redonner ) la parole, de la lui reconnaître . 1
Au début de la vie, la mère (la mère c'est aussi tout le contexte maternant) et l'enfant sont dans une relation fusionnelle (attachement dirait Winnicott) nécessaire pour la survie. Cet attachement fusionnel va, dans le processus normal, progressivement aller vers une séparation qui va permettre à chacun de sortir de cette dyade symbiotique (ce que certains nomment processus d'individualisation) faute de quoi, des troubles graves apparaissent (psychoses par exemple).
Cette séparation, cette coupure (en deux, en eux) se fera grâce à ce que Lacan appelle
" la métaphore paternelle ". Sortir donc de cette dynamique fusionnelle pour pouvoir être en relation avec son manque d'objet (et non son objet) puisque grâce aux noms - non - du père, la mère sera inter - dite, mise à distance par la parole. Il pourra alors adresser des demandes, il l'appellera, elle pourra le nommer, il se reconnaîtra dans le regard qu'elle portera sur lui comme, non plus son prolongement à elle, mais comme Pédro ou Robert ... Je vous raconte là ce que Lacan appelle le stade du miroir.
Dès la période Œdipienne, nous avons tous rêvé d'avoir un enfant de la mère (fille ou garçon) -- cf. ° Freud : Nouvelles conférences sur la psychanalyse; ( article sur la féminité en particulier ) C'est dans la dialectique d'amour et de haine envers nos propres parents et dans l'attachement au parent de sexe opposé que naît le désir d'enfant . Ce désir, qui naît très tôt, va subir des remaniements importants tout au long de la vie du sujet, en particulier durant ces périodes que sont l'enfance et l'adolescence. C'est cela l'enfant imaginaire, cet enfant qui vit dans la tête de chacun, c'est l'enfant du fantasme -- que nous ayons des enfants ou pas Et cet imaginaire là sera toujours présent en nous pour vivre plus ou moins bien avec nos enfants réels.
Et c'est le rapport entre cet " enfant imaginaire" avec l'enfant réel " qui fonctionne dans le fait d'être parent. Le fonctionnement 2 de la fonction 2 parentale renvoie toujours à ce rapport. Alors vous comprenez les difficultés spécifiques qu'auront les parents dont nous parlons, difficultés qu'ils doivent pouvoir nous dire et que nous devons écouter.
Mais remarquons dès à présent qu'il y aura toujours, pour chacun toujours un travail de deuil à faire: l'enfant merveilleux du fantasme.
•1 Voir en fin de texte
•2 Idem "
•2
Pour pouvoir aider et accompagner les parents dans un placement, il faut donc les aider dans la vérité de leur " fonctionnement " de parents, dans leur histoire commune. Souvent le fonctionnement est perturbé -- ne serait-ce que par la pathologie de l'enfant -- et alors la fonction parentale défaille.( je pense, par exemple, à l'insupportable pour une famille, des crises clastiques d'un de ses enfants gravement épileptique, famille vivant en appartement HLM et qui en vint à des coups donnés à cet enfant, à la limite du sévice).
La naissance d'un enfant handicapé est toujours traumatisante pour ceux qui accueillent cet enfant: souvent se produit alors un déni dans l'équipe d'obstétrique et chez les parents, avant que chacun puisse investir l'enfant.
De nos jours, la toute puissance de la Science dans le discours ambiant produit cette réaction qui consiste à dire et à penser qu'une telle naissance est une erreur, une faute médicale, son échec. Du coup tout le monde: famille, équipe hospitalière etc ... est plongé dans une grande culpabilité à laquelle l'enfant réagit;
Le déni fonctionnant, tout sera mis en jeu pour masquer, c'est-à-dire refouler, la différence, si minime soit- elle et la surprotection en sera la conséquence: surprotection technologico - médicale du côté soignant, surprotection maternante côté famille, surprotection qui très souvent cache un rejet difficile à reconnaître, difficile à exprimer, puisque les " vœux de mort" à l'œuvre sont généralement inconscients
La blessure narcissique est là massive, elle empêche que soit fait le deuil de l'enfant imaginaire ( l'enfant réel n'étant pas assez gratifiant puisque porteur de trop de différences) pour les parents qui ne voient alors plus que ses difficultés, sans voir qu'il peut avoir ( ou qu'il a déjà) aussi quelques compétences .
Aider les parents, c'est peut-être d'abord de les reconnaître en tant que parents de leur enfant. Trop régulièrement, nous constatons qu'à la blessure d'avoir un enfant handicapé, s'ajoute la blessure de l'impossibilité de l'élever, c'est-à-dire qu'est mis là en échec leur fonction parentale.
Il est donc essentiel pour le travail thérapeutique qu'ils aient, dans l'institution qui accueille leur enfant, un lieu pour être entendus en tant qu'homme et que femme "souffrant" dans leur être-père, être-mère. C'est souvent aussi pour la première fois qu'on s'adresse à eux en tant que sujets, reconnus alors dans leur savoir sur leur enfant. Et c'est souvent aussi pour eux la première fois qu'ils peuvent parler d'eux-mêmes.
Un autre point qui me paraît devoir être soulevé est celui de la collaboration demandée aux parents . Cela me paraît important dans la revalorisation de leur rôle parental . Parfois eux seuls comprennent le " langage " de leur enfant, en tout cas, eux seuls possèdent certains renseignements concernant son histoire. Le fait d'accorder de l'importance aux dires qu'ils tiennent, tant sur leur enfant que sur eux, sur la famille, son contexte etc ... fait partie du renforcement narcissique qu'il faut leur apporter si nous voulons les aider, si nous voulons que la fonction parentale fonctionne.
Il faut alors sans cesse, nous méfier de notre désir de transformer la dynamique familiale dans un sens qui correspond à nos idéaux : fabriquer des parents tels nos parents idéaux, parents imaginaires ( tout comme nous avons vu précédemment l'enfant imaginaire, il y a également en nous des parents idéaux clf° à ce propos Freud: le roman familial) Aider les parents d'enfants placés, c'est accepter de reconnaître leur souffrance, leur ambivalence, leur rejet ... c'est également leur permettre de les dire sans qu'ils soient pour autant jugés, catalogués.
Cette souffrance parentale peut se présenter sous différents modes par exemple celui de la mise en accusation de l'équipe et/ou de l'institution :
" Depuis qu'il est placé, il fait des grimaces, il a des tics ou dit des gros mots ... "
Ce peut être parfois sur un mode dépréciatif que l'enfant sera parlé; malgré la séparation, il reste persécuteur, preuve vivante de leur échec; ce peut être aussi le mode de la dépression d'un ou des deux parents, (souvent la dépression est masquée par des somatisations) car l'enfant, par la libido qu'il mobilise, (les désirs dont il est investi ) peut être pour la famille un "antidépresseur" et la prise en charge en institution a rompu cet équilibre.
Les réflexions de l'équipe autour de la séparation tenteront de trouver des modalités d'aide, d'inventer et de personnaliser les réponses à apporter aux familles. L'investissement de l'enfant, l'investissement des parents, l'investissement de l'équipe (éducative et soignante) doit être analysé au cours de réunions régulières prévues à cet effet: synthèses et réunions institutionnelles.
La réflexion de l'équipe dans le projet du placement doit inclure les parents qui seront rencontrés régulièrement et un contrat (contrat thérapeutique) avec eux et leur enfant doit être inclus dans la prise en charge thérapeutique de l'enfant. Ceci est indispensable, sinon rien ne pourra être constructif, rien ne pourra évoluer pour l'enfant et rien ne bougera du côté familial, les parents étant alors esseulés avec leurs angoisses et leur culpabilité ; l'équipe devenant, du fait du placement, la " bonne mère ", celle qui sait (en place de S1 cf. °. note n°1) la famille sera alors infantilisée dans et par les conseils que les intervenants donneront.
A ce propos de l'équipe qui devient " la bonne mère", (nous sommes ici dans le champ Imaginaire) signalons aussi les échanges entre les diverses équipes qui s'occupent de l'enfant, ou celles qui s'en sont occupées auparavant, échanges nécessaires tournent à :
" Quelle est la meilleure équipe "? Ce qui revient à répéter sur le plan de la dynamique institutionnelle cette question " qui est le meilleur parent ? " Les réunions de réflexions sur l'investissement (sur le désir) doivent aborder et tenter de résoudre ce type de problème et les conflits qu'une telle dynamique non analysée provoque et dont l'enfant fait toujours les frais.
Permettez-moi de vous dire encore ceci les parents sont rencontrés dans l'institution en tant que parents et non comme malades même si eux-mêmes ont une pathologie importante . Ce n'est qu'en tant que parents qu'ils intéressent l'équipe médico-éducative, leur pathologie doit être prise en charge dans un autre lieu.
En conclusion, pour aujourd'hui, je dirai qu'une institution sera thérapeutique si elle est conçue comme un lieu de parole et d'échange, pour les enfants comme pour leur famille. Un lieu également suffisamment contenant et sécurisant pour chacun, ( ce chacun comprend les membres qui composent la famille au sens le plus large, mais aussi les membres de l'équipe qui prend en charge l'enfant ) pour que puisse se « déposer » les fantasmes, les vœux de mort et les désirs des uns et des autres concernant l'enfant pris en charge .
Cela suppose que les membres de l'équipe aient reçu une formation psychologique pour pouvoir entendre et recevoir les affects que soulève en nous ce que l'on pourra entendre en ouvrant le couvercle la boîte à Pandore qu'est toute la famille.
suite de l'article ici
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